vendredi 27 février 2009

Les p...

Posés sur leur transat, roulant des yeux et secouant bras et jambes avec des gestes saccadés, ils bavent, tordent leur bouche pour essayer d'attraper le col du pull qui taquine leur menton avant de pousser des cris perçants, épuisés de frustration.

Au dessus de la pièce, sur une alcôve en demi étage, des enfants à peine plus grands chutent dans l'escalier, sur leurs fesses bordées de couches, se battent pour une voiture, déchirent un livre, appliqués, en suçant leur pouce.

Les nounous, étalées dans le canapé, ne les regardent pas ; elles narrent en détail leur dernière soirée télévisée et les promotions dont elles ont bénéficié au supermarché le matin même. Parfois, elles évoquent les enfants dont elles s'occupent mais en les décrivant, elles oublient leur présence, passionnées par leur propre démonstration plus que par la présence routinière des bambins.

Les mères sont encore plus furieuses de vivre, on dirait que jusqu'à cette heure de l'après-midi, elles ont traversé un désert de silence, un désert sans oreille ; d'une main, elles mouchent un nez, caressent un front et retiennent un vélo sans jamais s'arrêter de parler ; elles postillonnent, lèvent les bras au ciel et crient ; elles se dévisagent sans se voir, leurs fronts se touchent presque, on pourrait croire qu'elles dégobillent les mots directement dans la bouche de leurs confidentes et c'est une chaîne ininterrompue de paroles, un charabia irrésistible qui fascine même ceux qui ne comprennent pas cette langue.

Je m'amuse un moment à inventer des dialogues dans ma tête mais passées les premières minutes, je trouve qu'il y a trop de rebondissements et que ce n'est guère crédible.

C'est en m'asseyant sur le canapé des nounous, mon fils ayant besoin de mes jambes pour figurer une pente, que je la remarque. Elle se tient au milieu de la pièce, pâle, aspirant d'une lèvre épaisse une morve translucide. Ses yeux paraissent disproportionnés sur sa face inexpressive, ils paraissent tristes, curieusement fixes. Je me dis que c'est une idée, une projection ou un effet d'optique lorsqu'en un battement lent, les cils aux pointes noires s'abaissent, noyant d'ombre la pupille. Mais elle reste là un temps infini, immobile, presque invisible. Quelqu'un lui parle qu'elle semble ne pas entendre. Des enfants la bousculent et elle vacille sans que la colère ou l'ennui ne trouble son front, sans qu'un mot émerge de la bouche molle. Elle est belle, et pourtant si seule que ça ne compte pas. Ses cheveux crépus, blonds, sont soigneusement nattés. Les frisottis autour de son crâne forment un halo émouvant.

Le cœur serré, je tends soudain une main vers elle : "Bonjour, tu regardes les bébés ? lui demandé-je, intimidée." Mes doigts un instant caressent l'entrelacs de cheveux aussi mystérieux qu'un tapis de ronces, buttent sur une barrette rose. Elle fait quelques pas qui l'éloignent de moi. Alors que j'hésite à l'approcher de nouveau, une nounou me dit :
"Cette petite fille, je l'ai vue se gratter la tête sans arrêt aujourd'hui. A deux mains elle s'y prenait. Et ça saute ces p... Enfin, vous savez, je ne vais pas dire le mot ici, dit-elle d'une voix plus basse, mais vous devriez faire attention !"
Je m'étonne. Je n'ai rien vu, moi. Malgré mes doutes, je reste à ma place, honteuse. La fillette est à un mètre et elle contemple toujours les bébés. Je me retiens d'aller me laver les mains. La tête me démange déjà.

Fils - le texte de Yaëlle

Je n'ai envie de dire que le titre, qui à lui seul est déjà un poème ; le reste vous le découvrirez :

Le fils qui vole à tire-d'étoiles...

jeudi 26 février 2009

L'audition

Nous avons commencé par discuter simplement, curieuses de nous connaître. J'ai osé répéter, alors que je l'avais dit dans chacun de mes mails, que son projet me plaisait en tous points, que je pourrais me libérer pour les répétitions et l'aider dans les recherches de salles. Ne sois pas trop enthousiaste, me suis-je sermonnée intérieurement au bout de ce laïus pesant, on dirait que tu n'as pas d'autre projet.

Pendant que je lui expliquais mon parcours musical, ma voix est devenue rocailleuse au milieu d'une phrase et j'ai dû tousser pour l'éclaircir ; entre temps, la fin de mon argumentation était repartie dans les limbes de mon imagination et j'ai plongé le nez dans mon bol de thé, bien consciente du regard interrogatif suspendu à mes lèvres. Après quelques secondes de silence, j'ai relevé la tête et un grand sourire s'est étendu comme une balafre sur le bas de mon visage cramoisi. Je crois que j'ai fait un signe de la main comme pour dire "pas grave, on s'en fout" mais il se peut que je l'aie juste imaginé. Je me suis demandé si je n'avais pas trop répété avant de venir et j'ai souri de nouveau. J'ai peut-être la voix fatiguée maintenant...
Enfin, elle a haussé un sourcil puis, elle a lancé :
"Bien, alors que m'avez-vous amené ?
- Blute nur, ai-je soufflé, soudain oppressée.
- Ah ! Très bien a-t-elle dit, j'aime beaucoup ce morceau."

Elle est allée s'installer au piano en me disant qu'elle ne savait pas en jouer mais qu'elle m'aiderait comme elle le pouvait. Et j'ai chanté :
" Blu-u-te nur... Ouh là, ai-je pensé. Ma voix était voilée, comme mal réveillée. Et voilà, j'ai répété trop longtemps et je me suis flinguée !

Pourtant, après quelques mesures imaginaires - elle oubliait des bémols et n'était pas en rythme - je suis repartie et cette fois ma voix s'est déployée, haute, brillante.

- Blu-ute nur. Oh ! Tout n'est peut-être pas perdu ! C'était juste un mauvais départ ! Allez, il ne faut plus réfléchir... Avancer avancer. Blu-u-te nur du lie-ie-bes Herz, blu-u-te nur du lie-ie-bes Herz. Zut j'ai oublié de respirer. Je ne vais pas tenir. Blu-u-te nur... Oh non ! Qu'est-ce que c'était que cette respiration ? Et cette attaque ? Trop dure ! Du liebes Herz. Ouf celle-ci était meilleure. Sauf que la tenue est un peu courte. Et c'est quoi ce vibrato ? Bon, la deuxième partie est plus tranquille. Eh ! Elle sourit ! Je l'ai vue sourire ! Denn es ist zur Sclange wo-o-rden. Mais pourquoi je braille comme ça moi ? Ca y est, ma voix est de nouveau enrouée. Dro-oht den Pflege-er zu ermo-o-o-o-o-o-o-o-den. Bravo pour la vocalise lourdingue ! Là c'est sûr, elle ne sourit plus...

- Bien, a-t-elle conclu.
- J'ai eu un peu le trac, je suis désolée, j'ai chanté un peu fort.
- Non non, ça va. C'était très bien. Et l'autre morceau que vous avez amené c'est quoi ?"

A la fin de ma prestation nous nous sommes rassises dans les fauteuils, l'une en face de l'autre. Elle m'a proposé une autre tasse de thé et j'ai accepté. La conversation n'était plus aussi fluide qu'à mon arrivée, son regard moins chaleureux. J'ai remarqué un nouvel accroc sur mes bottes et j'ai pris congé.

"Vous avez vraiment un manteau magnifique m'a-t-elle dit devant la porte. Il vous va très bien.
- Merci. Alors j'attends de vos nouvelles... Dans deux trois jours, c'est ça ?
- Oui, je serai rapide !"

mercredi 25 février 2009

Fils - les textes de Jeanne, Tifenn, Didier Goux et Spermy

Quelle joie, quatre nouveaux textes sur le thème du fils ! Jeanne me fait part d'une publication récente tout à fait dans le thème et Tifenn s'est lancée... Ces billets sont beaux, terrifiants et doux à la fois... Allez les lire :

lundi 23 février 2009

Fils, un nouveau concours ?

Dans les commentaires de ce billet, je proposais un nouveau thème d'écriture que j'espérais repris avec le même enthousiasme que l'avait été, l'année dernière le changement de sexe.

Je crois que depuis que je tiens ce blog la longue période de ces jeux d'écriture, (le changement de sexe avait été suivi des tortues de mer) a été une des plus riches et des plus excitantes.

Bref, un blogueur s'est penché sur le thème du Fils, alors que je n'y croyais plus... Il parle du sien au doux nom de Théophile.

Si, comme Charlemagnet, vous avez envie d'évoquer le fils que vous êtes, celui dont vous rêvez, ou même un fils que vous connaissez, un fils imaginaire, j'en serais ravie !

Photo : Anne Geddes

vendredi 13 février 2009

Ecrire un roman...

"Je songeais à me remettre à l'écriture d'un roman pour dresser un rempart autour de moi, j'y songeais sérieusement. Je tenais le coup, depuis des années, au moyen de quelques articles, de quelques vagues nouvelles, semblant plus occupé que je ne l'étais réellement, mais aujourd'hui, dans cette situation, le retour au roman semblait s'imposer. Son épreuve semblait s'imposer. Écrire un roman requérait tant d'énergie que tout le reste passait au second plan. C'était l'avantage.
J'en avais souvent fait l'expérience. J'avais écrit mes derniers romans en forme de blockhaus, et les circonstances semblaient indiquer qu'il était temps d'avoir recours de nouveau à ces pouvoirs, quitte à y laisser quelques plumes."

Philippe Djian - Impardonnables - P121 et 122

mercredi 11 février 2009

Tracas et plaisirs du blogueur

Dans quelques heures (à 11 heures), au Plafond, Charlemagnet vous parlera de son expérience de blogueur, de la façon dont est né son espace, de son existence au quotidien sur la toile - ça va du choix des sujets aux appréciations du public...

Ce que j'aime dans ces petites chroniques au sujet des blogs c'est qu'elles sont à la fois très personnelles et universelles et c'est toujours un régal de les lire. Charlemagnet aborde finement une chose à laquelle je réfléchis souvent, l'influence des lecteurs sur le contenu... C'est passionnant !

Enfin, à vous de lire...

mardi 10 février 2009

Les affres d'Elvire

La première fois, elle n'osa pas frapper pour s'annoncer. Je la trouvai, dans le hall d'entrée, collée contre le radiateur ; petite et frêle, elle me jeta un regard timide avant de tendre une main qu'une pression de la mienne sembla désintégrer. Comme elle venait pour un cours d'essai, je l'invitai à se mettre à l'aise afin que nous discutions de ses motivations, de ses vœux, de ses connaissances musicales. J'avais éteint le clavier numérique et posé mes coudes sur les touches silencieuse. Je la regardais mais ne parvins pas à croiser son regard plus de quelques secondes. Assise en face de moi, elle se déchaussait, massait ses pieds parés de chaussettes ravissantes. Elle paraissait heureuse d'être dans une salle de musique, sur le point de prendre un cours de chant mais en affirmant cela, sa voix s'étrangla douloureusement et elle toussa, gênée.

Ce qu'Elvire paraissait préférer c'était les exercices de relaxation. Gracieuse, elle s'étirait, délassait ses chevilles, son bassin, ses épaules, sa nuque. Elle ressemblait alors à une danseuse et ses vêtements soyeux, aux couleurs douces, ondoyaient autour d'elle. Parfois, elle fermait les yeux tandis que je lui indiquais, doucement, de nouveaux gestes ; elle les exécutait, à son rythme, tranquillement, je la sentais abandonnée et confiante.
Les choses se corsaient dès que nous passions à la respiration. Elvire tentait de ne pas se raidir mais très vite, elle faisait le contraire de ce que je lui demandais, rentrait le ventre en inspirant, cambrait le dos, levait le menton. Alors, elle commençait à dénigrer chacune de ses tentatives :
"Je suis vraiment nulle, cet exercice je le maitrisais la semaine dernière ! Pourquoi je n'y arrive plus ?" ou "Je n'ai jamais respiré comme il faut, je fais tout de travers d'ailleurs. Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi !"

Elle ne travaillait pas sa voix en dehors des cours. Je le comprenais, et j'en avais l'habitude. La plupart des mes élèves sont des adultes qui travaillent beaucoup. Cependant, par curiosité, je lui demandais, de temps en temps, "Alors ? Tu as chanté cette semaine ?". Je lui avais suggéré de s'observer respirer, au lit, avant de s'endormir. Juste ça. Pour sentir qu'avec une respiration profonde, le ventre se soulève à l'inspiration et rentre à l'expiration. Elvire, agitée, me répondait :
"Je crois que j'ai un blocage. Je n'ose pas chanter chez moi. J'ai peur que mes voisins m'entendent. J'imagine qu'ils trouveraient ça affreux... Ma façon de chanter... Et puis faire des exercices de respiration, je ne peux pas non plus. Je ne sais pas pourquoi... J'en ai parlé à mon copain et il m'a dit "Tu le feras quand tu seras prête". Mais je ne crois pas que je puisse me contenter de ça. A la prochaine séance je vais en parler à mon psy... J'espère qu'il pourra m'aider !"
Je répondais : "Ce n'est pas si important si tu ne chantes pas chez toi. Ton copain a raison, un jour tu t'y mettras et ça se passera bien... Mais poser une main sur ton ventre, juste avant de dormir, ça tu pourrais le faire, non ? Non ? Oh ce n'est pas grave non plus. Pas du tout, ne t'inquiète pas... Allez, reprenons."

Avec Elvire je prenais mon temps. Il fallait qu'elle se sente bien pour que nous puissions avancer un peu. Je lui jouais une note qu'elle devait la reprendre. Gorge serrée, elle produisait un son étranglé qui n'était pas à la bonne hauteur. Je susurrais, rassurante :
"Je vais t'en jouer une autre. Surtout, prends bien le temps de l'écouter. Chante-la intérieurement. Imagine dans quelle partie de ton visage elle va résonner, respire et vas-y !"
En guise de vocalises, nous ânonnions la même depuis le début. Dans les graves, la voix d'Elvire devenait rocailleuse, étouffée. Dans les aigus, elle crissait, grinçait. Les larmes aux yeux, la jeune femme me regardait. Je lui souriais : "Alors, et ce morceau, tu l'as apprivoisé ?
- Oui, disait-elle, je crois. Je l'ai beaucoup écouté !"
Et elle serinait un air complètement différent.

Malgré ses difficultés, j'étais toujours contente de voir arriver Elvire. J'aimais beaucoup l'observer tandis qu'elle posait son manteau sur le banc, délaçait ses chaussures, faisait quelques pas en déroulant bien la plante de ses pieds nus. Je la complimentais souvent sur ses tenues et elle avouait ses razzias mensuelles chez tel ou tel créateur. "Tu devrais y aller, me lançait-elle, ça t'irait bien à toi aussi. Peut-être même mieux qu'à moi qui n'ait pas de formes. "
Il lui arrivait régulièrement de réaffirmer son désir de chanter. "Je suis si heureuse de réaliser enfin mon rêve ! Mais c'est tellement difficile. Je hais mes parents de ne pas m'avoir poussée à faire de la musique quand j'étais petite. Mon psy dit que maintenant que j'ai compris ça, les choses vont aller mieux. Mais tu te rends compte ? Moi je ne pouvais pas savoir que j'avais cette possibilité. C'est quand même aux parents, non, d'aider leurs enfants à se découvrir, de leur proposer des loisirs ? Ma mère a préféré que je fasse de la danse, comme elle, sous prétexte qu'elle avait adoré ça à mon âge. En fait, je détestais ! Je ne supportais pas que mes cheveux soient tirés et emprisonnés en un chignon ridicule... On voyais mes oreilles, moi qui les ai toujours détestées... Quelle cruauté ! Quel égoïsme ! Alors qu'elle aurait dû me guider vers ce qui était vraiment moi ! J'en souffre si tu savais !"

Les mois s'écoulaient et nous avions réussi à achever une chanson qu'elle était capable d'enchainer correctement. La plupart du temps, elle respirait bien et sa posture était incomparablement meilleure. Cependant, sa voix n'était pas encore bien placée. "C'est normal, lui répétais-je, c'est ce qui prend le plus de temps".
Elvire ne s'entrainait toujours pas en dehors des cours et depuis qu'elle m'avait annoncé, l'air bravache "J'ai décidé de ne plus culpabiliser pour ça, après tout, la musique doit être un plaisir", je n'esquissais plus la moindre suggestion en ce sens.
Elle m'avait raconté sa vie. Son travail ne lui plaisait pas parce qu'il était trop loin. Elle passait des tas d'entretiens pour en changer mais en vain. Elle vivait une relation en pointillés avec un homme divorcé qui avaient deux enfants. Elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir de ne pas être aussi libre qu'elle. Elle voulait bien habiter avec lui mais à condition qu'elle ait sa propre chambre parce que si les enfants avaient leur chambre, pourquoi pas elle ?

Un jour elle me demanda si nous pouvions espacer nos rendez-vous. A cause de son voyage en Egypte et des soldes, elle allait manquer d'argent pour payer le prochain trimestre... C'était gênant ?

Malheureusement, chanter une fois tous les quinze jours ne permet pas de progresser rapidement. Elvire se remit à paniquer, elle se fâchait, s'analysait, se critiquait sans que j'ai la possibilité de prononcer un mot. Elle inspirait bruyamment, tordait ses mains et crispait ses épaules. Nous répétions dix fois une phrase qu'elle aurait oubliée la prochaine fois. "Mon copain m'a dit que j'avais peut-être choisi exprès une activité que je n'étais pas capable de réussir. Je me suis retenue de dire leurs quatre vérités à mes parents dimanche, quand je suis allée les voir, qu'ils sachent les difficultés que j'éprouve parce qu'ils se sont mal occupés de moi. Mais mon psy dit que ça ne servirait à rien. Ce ne sont pas eux qui cherchent à comprendre les choses, c'est vous, il m'a dit. Ils ne sont pas dans cette démarche, ce serait comme parler à un mur. Cette nuit je me suis réveillée et j'avais envie d'hurler. J'ai hurlé et je me suis rendormie jusqu'au matin, comme un bébé. Maintenant j'ai un peu mal à la gorge. Tu crois que je n'aurais pas dû ?"

Avant la fin de l'année, Elvire m'annonça qu'elle allait interrompre provisoirement le chant. Il fallait qu'elle voit son psy plus souvent, deux ou trois fois par semaines, ça n'allait pas. Déçue et soulagée à la fois, je l'embrassai en lui souhaitant bonne chance.
"Tu le vois depuis combien de temps déjà ton psy ?
- Euh, dix ans... Il est vraiment super, si tu connais des gens qui sont en recherche, n'hésite pas à m'appeler, je te donnerai ses coordonnées !"

Illustration : Lu Cong

lundi 9 février 2009

Nif-Nif, Naf-Naf et Nouf-Nouf

On se ressource comme on peut (attention, ça fait un peu peur... ) !

mercredi 4 février 2009

Ta dam !

Chaque mois je me demande pourquoi me revient l'honneur de divulguer le classement Wikio des blogs littéraires avant sa parution officielle...

J'hésite à refuser avant que la curiosité ne l'emporte... Il ne s'agit que de gagner une dizaine d'heures et ce classement m'amuse plus qu'autre chose. N'empêche. Comme des bulletins scolaires autrefois, des critiques de mon public lorsque je chante, d'une photo prise par surprise, j'espère toujours qu'il en naisse quelque chose de nouveau.
Que ma vie et ma place dans le monde s'en trouve changées et moi transformée. Ou bien tout simplement, que je sois vue telle que je me crois.

En même temps je sais bien que tout cela ce sont des bêtises, des enfantillages. Il ne naîtra rien du tout ou pas grand chose des ces quelques lignes. On m'enverra des propositions de billets sponsorisés pour les lentilles, des agendas Quo Vadis et des livres... que je recevrai avec des cris de joie parce que rien ne me fait plus plaisir !

Mais j'exagère certainement en écrivant cela. En fait, j'essaie juste de formuler des choses que je ressens vaguement et je suis un peu fatiguée.

Bref.

Ce mois-ci ça bouge dans les premières places. Le blog Happy Few passe de la 5ème place à la 2ème. Je suis refoulée à la troisième place. Dorham reste entre mon époux et moi mais tous les deux reculent aussi...
Et mon plafond a disparu, c'est normal. J'ai demandé à ce qu'il soit répertorié dans les divers puisque c'est, pour l'instant, plus un blog de discussion que d'écriture...

Voilà !

1Chez Clarabel
2Happy Few
3De la sexualité des araignées
4Extra-Ball
5balmeyer's blog
6La république des livres
7le tiers livre
8Cuneipage
9Lily et ses livres
10J'ai lu...
11Mon coin lecture
12La Recrue du Mois
13Cinquième de couverture
14Sylire
15Amanda Meyre
16Les lectures de Florinette
17Cathulu
18Journal d'une lectrice
19My Lou Book
20Pralineries

Classement par Wikio.


Illustration : Martin Nikoloff

La lassitude du blogueur

Il semblerait que ce soit une obligé, pour le blogueur, de passer par des phases de lassitude, de rejet, de dégoût.

Les plus investis, les plus lumineux, les plus passionnés, les plus brillants, connaissent cela comme les autres. Et parfois il en sort de beaux billets. Je vous invite à en lire un de Didier Goux, à 11 heures, au Plafond...

mardi 3 février 2009

La coiffeuse

Je joue avec le cendrier incorporé au fauteuil. Dans celui où j'étais installée à mon arrivée, il y avait une cigarette et des cendres - normal. Dans le nouveau, il y a des cheveux.

De vieux cheveux ratatinés, effilochés, frisés comme des poils, moutonneux comme la poussière sous les lits.

Au même moment, je l'entends dire à une cliente qui secoue les manches de sa veste : "J'en retrouve partout, moi, dans mes chaussures, dans mes vêtements. Et même, parfois, de mes propres cheveux s'échappent des mèches qui ne m'appartiennent pas."


Illustration : Ray Caesar

dimanche 1 février 2009

De l'effet du joint sur l'homme...

Lui qui ne se met jamais torse nu, même en été, sur la plage, se dandine depuis quelques heures vêtu uniquement d'un jean et d'une ceinture...

Changer le joint du robinet des toilettes lui a donné l'impression d'être quelque chose entre l'homme des cavernes et le plombier d'un film porno - vous savez celui qui dit "Bonjour jeune fille, vous avez besoin d'aide ?" en clignant de l'oeil...




Illustration : The black apple

4 paroles de blogueurs et un tag

Nous accédons à l’intérieur du Phare et pénétrons dans le vestibule. Je m’avance au pied des marches en fonte. Par les lucarnes, des filets de lumière tachettent les murs. Je lève la tête, je suis des yeux l’escalier en colimaçon qui s’élève vers les hauteurs et je suis pris de vertiges. Le vent en s’engouffrant apporte les senteurs de la mer. Elles se mêlent à l’odeur forte de pierre humide que j’ai sentie dès que nous sommes entrés. Le moindre bruit devient écho puis finit par se perdre.
- Cent quatre-vingt-trois marches jusqu’à la salle de veille. Et trente de plus pour arriver à la galerie. J’espère que vous êtes en forme. Venez, je vais vous montrer votre luxueuse suite, ajoute Georges avec une pointe d’ironie.

L'escalade fut facilitée par les bouts rompus lors du naufrage et qui pendaient le long de la coque. Alors que le reste des hommes du village arrivait au pied de l'épave, les trois compères étaient déjà sur le pont, scrutant à la lumière intermittente de la lune, ce qu'ils pourraient grappiller facilement.

L'un d'eux repéra la porte de la cabine du Capitaine. « Les gars, s'il y a quelque chose de précieux sur ce rafiot, c'est là qu'on le trouvera ! ». Ils se ruèrent donc en direction du gaillard d'arrière. La porte était sortie de ses gonds. Ils pénétrèrent à pas de loups (ils avaient tous le souvenir des récits des anciens dans lesquels des officiers de navire vendaient chèrement leur peau). »

Les réverbères de l’autoroute zébraient la nuit de mon retour. Je pensais, après un dîner avec des collègues journalistes, à tout ce temps déjà passé dans l’encre, à nos destins mollement tracés entre les lignes. Je repensais à ce métier si près du monde, à cette vie qui en réclame un autre. Jusqu’où survivra cet équilibre entre la vive lumière qui m’exige, toujours la même, et les couleurs opalescentes et nuancées qui m’animent ? Quels pourraient être la cassure et le tournant ? Pour vivre quel autre chant ? Nous sommes fabriqués dans un sursaut d’aventure, puis tôt entraînés dans la parade des concessions, et mourrons doucement sous elles.

Au bout de la rectitude asphaltée, une chouette effraie, dame blanche, vint voler devant mes phares. Le fantôme virginal de nos libertés.

Caryn me regarde, à moins que ce ne soit Maureen, je ne sais pas les distinguer, elle me fixe d'un œil mauvais car elle n'approuve pas ma réponse, alors qu'elle n'en aurait de toutes les façons pas plus approuvé une autre, quelle qu'elle fût. Mes filles rejettent et critiquent tout ce que je dis, me reprochant sans cesse qu'elles n'ont pas de père, par ma faute. Elles pensent que j'ai décidé qu'elles n'auraient pas de père, alors que je ne sais toujours pas comment j'ai pu tomber enceinte, et je n'ai aucune honte à le dire, je suis persuadée de n'avoir couché avec personne à cette époque, me trouvant trop grosse, trop banale, et donc trop laide pour intéresser des garçons convenables ; et pour avoir, dans un moment de faiblesse, confié ceci à mes filles, elles me considèrent comme une demeurée, m'appellent la Sainte Vierge.

****

Et pour changer, j'ai eu l'idée d'un nouveau tag : il s'agit de citer trois blogs que l'on a vu naître. Bien entendu ils ne doivent pas êtres vôtres, pas même secrètement. Je compte sur vous !

Pour ma part, je vais parler, sans réfléchir de ceux que j'ai visités récemment :

D'abord, il y a Mauvaises nouvelles, découvert alors qu'il venait d'afficher son premier billet, très récemment. Ce blog commence très fort et je me réjouis de lire les prochains chapitres du Malade.

Il y a aussi, bien sûr, le très beau deuxième blog de Dorham, The Backstabber, où il raconte le Jazz avec des étincelles au bout des doigts... Même si c'est une musique qui ne vous parle pas, vous écouterez Dorham !

Et, il y a quelques temps, Sophie, une jeune femme que j'ai rencontrée en stage de théâtre, a aussi ouvert son blog. Quand on connaît la personne, c'est très émouvant de la voir se lancer dans l'aventure... Elle a voulu m'inscrire parmi les auteurs et j'ai accepté sans savoir ce que je pourrais écrire chez elle. Pour l'instant rien et je crois que ça restera comme ça. Sophie habite bien l'espace. Elle a d'abord tenté de rapporter des contes avant de se faire gentiment taper sur les doigts. Du coup, elle alterne, comme beaucoup d'entre nous, entre fiction et réalité... Et j'aime beaucoup.

Maintenant j'aimerais bien connaître les trois blogs qu'ils ont vu naître de Nicolas, Didier Goux, Cochon, Marie-Georges , Balmeyer et Yaëlle... S'ils veulent, hein ?

Illustration : TummyMountain